La violence sous toutes ses formes

Publié le par Orianne CUSATAU D'ESAL

"Je réfute toute forme d’angélisme qui vise à trouver en chaque délinquant une victime de la société, en chaque émeute un problème social" a dit hier notre président, Nicolas Sarkozy.
Pour moi, chaque délinquant est une victime. Victime d'une violence qui lui a été faite. Violence approuvée tacitement par la société.
Pour moi, chaque émeute exprime un problème.
Mais c'est bien évidemment difficile pour un président d'admettre qu'il dirige une société qui comporte des problèmes et de la violence, surtout quand ledit président était ministre de l'inérieur au moment où se sont déroulées des violences et des émeutes bien plus impressionnantes.
Faut-il mettre un couvercle sur la violence ? Faut-il ignorer les problèmes, punir ceux qui en sont les indicateurs ?

J'ai remarqué chez mes enfants, que d'ignorer les problèmes parce que leur manière de l'exprimer n'est pas acceptable, engendre pour eux beaucoup de frustrations, de l'incompréhension, et du repli sur soi. J'ai aussi remarqué que lorsque le comportement devient inacceptabele pour moi, c'est que le problème existe déjà depuis longtemps, et que je n'ai pas entendu ou su décoder les autres façons dont il a été exprimé.

De même je pense que la violence et les émeutes sont une manière d'exprimer un problème quand les autres façons de l'exprimer n'ont pas été entendues, voire écoutées. 

Par ailleurs, je pense que la violence se banalise, parce que nous vivons dans un monde violent. Et que les autres façons d'exprimer les problèmes petit à petit se perdent, parce qu'on s'aperçoit qu'elles ne servent à rien, et que le seul moment où on est pris en considération est le moment où on pose des actes de violence. Il n'y a qu'à regarder les informations, ou les écouter, ou les lire, pour s'en convaincre.

Nous vivons dans un monde violent. Violence dès la naissance, où actes barbares souvent sont multipliées au nom d'une soit-disant sécurité. Violence dans l'éducation, où claques, fessées, violence verbales rythment les relations avec nos enfants. Violence à l'école, à l'insu souvent du personnel éducatif, trop peu nombreux ; où à l'initiative de celui-ci, assurant aux parents que leur enfant sera bien "encadré". Violence à l'adolescence, où il est si facile de perdre ses repères ; et quand la violence des adultes finit par se retourner contre eux. Violence dans le monde du travail, une "jungle", où les plus forts échapperont peut-être à la prochaine vague de licenciement ; où tous les coups sont permis, en dépit des lois, car celui qui ne se soumet pas risque son poste. Violence envers tous les "autres", ceux qui n'ont pas la même couleur de peau, ceux qui ont un handicap, ceux qui font des choix différents... et qui ne peuvent s'intégrer, puisque différents... Violence qui se répercute de générations en générations, à croire que pour survivre il nous faut encore aller chasser des bêtes féroces...

Alors ne nous étonnons pas quand cette violence refait surface d'une manière non acceptable socialement. Ce sont les graines semées qui sont en train de germer. Si ça fait peur, si ça fait mal, si ça pose question... essayons de ne pas faire l'autruche. Regardons l'Homme avant de regarder le délinquant, avec ce qu'il a vécu, ce qu'il a subi, les modèles qu'il a eus. Remettons-nous en question, au lieu d'ériger un fossé entre cet "autre" et nous-même. Réflechissons à la violence quotidienne que nous subissons, que nous infligeons.

Je réfute pour ma part toute forme d'angélisme qui met d'un côté les gentils et de l'autre les méchants. Qui permet de continuer à vivre comme avant en se dédouanant de toute responsabilité, individuelle ou collective, sur ce genre d'évènements. Qui refuse d'admettre les problèmes pour ne pas avoir à chercher de solution. C'est vrai lors de l'éducation d'un enfant, c'est aussi vrai lorsqu'on dirige un pays.
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